marionnette de macron sur un fauteuil roulant
  • Une salle atypique et très originale
  • Un parti pris citoyen
  • Des énigmes construites autour d’informations à communiquer aux joueurs

 

  • Lorsque nous l’avons joué, le game play nous a paru assez brouillon

 

On dirait bien qu’il plane un vent de mensonges sur la France…. Le gouvernement et les médias assurent que tout va bien, mais concrètement, le président n’a plus fait aucune apparition publique depuis une semaine. Alors bon, il y a de quoi imaginer des choses… S’agirait-il d’un kidnapping ? Nos sources nous l’affirment et nous ont même indiqué l’endroit où il est censé se trouver. Let’s go !


Nous débarquons dans un squat anarchiste sombre à l’aspect un peu crado et surtout nous tombons rapidement sur des portes belles et bien fermées. Sic. Après recherches et confrontations d’infos, nous trouvons un moyen d’atteindre d’autres pièces. Il y a beaucoup d’objets, de livres, de documents. Nous avançons à la lampe torche et à tâtons, découvrant progressivement les raisons pour lesquelles le président a été kidnappé.

Les ravisseurs sont très bien documentés, ils savent démêler le vrai du faux et reconnaître les fake news et petits arrangements des politiques et des médias. C’en est écœurant. La rancœur qu’ils ont ainsi accumulée les a donc amenés à ce kidnapping. Et au fil de nos découvertes et de notre progression, nous tombons donc sur le président himself dans une position peu gratifiante. Alors, maintenant que nous en avons autant appris, que choisissons-nous de faire de lui ?

Un escape game très atypique dans le fond …

Vraiment atypique : rentrons tout de suite dans le vif du sujet, Kidnapping présidentiel (ex Une affaire d’Etat) est un escape game original puisqu’il s’appuie sur l’actualité politique brûlante. Peu d’escape games prennent le risque d’aborder un tel sujet, puisqu’il divise par nature. N’oublions pas que nous vivons dans un monde de plus en plus puritain dans lequel le venin des réseaux sociaux a un poids tellement fort que beaucoup préfère le consensuel. Et ne parlons de la sphère médiatique… en fait si, nous en parlerons en fin d’article ! Ainsi créer un tel escape game est une sacrée grosse prise de risque.

Comme le texte de présentation de l’escape game est assez vague, en arrivant chez Arkanes, nous ne savions pas que le président que nous venions récupérer était Emmanuel Macron et que les anarchistes ravisseurs étaient d’anciens gilets jaunes radicalisés qui réaliseraient dans ce kidnapping l’un de leurs rêves les plus fous.

En effet, la gérante de l’enseigne et créatrice de cette salle, nous a expliqué après notre session qu’elle faisait partie des gilets jaune et qu’elle était frustrée de ne pouvoir participer aux manifestations à cause de son travail. Ainsi, elle a créé cette salle pour pouvoir transmettre des informations aux joueurs, concernant des magouilles avérés des hommes politiques, des petits arrangements et des affaires scandaleuses qu’ils glissent volontiers sous le tapis.

… et dans la forme !

Les énigmes s’appuient donc majoritairement sur des documents prouvant les abus des politiques. Il n’y a rien de complotiste, ce sont de vraies informations que l’on trouve lorsque l’on gratte le vernis et qu’on cherche au-delà de la sphère médiatique dominante. On trouve également des énigmes plus symboliques, mais toutes convergent vers le même but. Je trouve l’idée plutôt bonne. Lors du tour de salle du débrief, j’ai été ravie de découvrir la richesse de cet escape game.

Immersion dans un squat : pendant le jeu, il n’a pas du tout été évident pour nous de nous plonger dans ces informations. Nous avons joué à la lampe torche, dans une ambiance super tamisée, avec une musique techno relativement forte en guise de fond sonore. Alors oui, cela contribue vraiment à nous immerger dans un squat, mais lorsque nous nous retrouvons à devoir utiliser en plus une lampe UV accroupis au sol, nous avons seulement la sensation de devoir résoudre des énigmes dans des conditions désagréables.

Kidnapping Présidentiel contient autant de cadenas à codes que de mécanismes et d’énigmes de manipulations, ce qui permet de varier les plaisirs. Par contre, la fouille nous a paru vraiment fastidieuse. Les objets « utiles » cohabitent avec une nombre très important d’objets de déco. Effectuer des tris à la lampe torche sans trop savoir où se situe vraiment la prochaine énigme, nous a pas mal déconnectés. Nous avons donc goûté au game mastering qui est mené de façon plutôt original, car il est intégré à l’intrigue.

Il faut également considérer que cette salle a été créée par une personne passionnée d’escape games qui a peu de moyens financiers. Ainsi, la déco et un grand nombre d’énigmes sont plutôt old school, mais le lieu où se situe l’action permet justement de proposer un jeu malin créé avec peu de moyens.

Je garde à vrai dire un souvenir très mitigé sur cette salle : son contenu est réfléchi, mais au moment où nous l’avons joué (décembre 2019), elle nous a semblé très brouillon. Nous avons joué cette salle peu après son ouverture, ainsi il est tout à fait possible que des ajustements aient été faits au fil des mois pour améliorer la lisibilité d’ensemble et permettre aux joueurs de réellement se pencher sur les documents et informations qu’ils ont à disposition durant le jeu.

Un escape game sur lequel on a tissé un scandale

Kidnapping Présidentiel a fait un bad buzz à l’automne 2020 lorsque les médias ont relié le fait qu’on pouvait y tuer le président. La gérante d’Arkanes a même été en garde à vue pour incitation à la violence. Sur les réseaux sociaux, une vague de haine s’est déversée contre elle avec menace de viol et de meurtre. Personne n’a cherché à savoir ce que contenait vraiment cet escape game ou à écouter les propos construits de la créatrice du jeu sur la liberté d’expression, la caricature et l’aspect symbolique de son jeu.

Et depuis cet escape game ne propose plus cette option diabolisée. Car c’était bien une option de fin de jeu parmi 3 : nous pouvions également le libérer ou le livrer à la Justice. Rien dans le jeu ou le game mastering n’influençait le choix de joueurs. Aucune haine n’était véhiculée, le jeu dans son ensemble était juste un questionnement proposé aux joueurs sur le monde politique d’aujourd’hui, dont elles montraient une partie des nombreuses défaillances.

Ainsi, nous vous invitons à jouer cet escape game pour vous faire votre propre idée, si cette affaire vous a intéressé, intrigue ou indigné. C’est toujours le meilleur moyen de se faire une opinion plutôt que de faire confiance à des médias qui prémachent des informations dans un sens qui les arrange.