L’entrée dans les lieux est saisissante et chaque passage vers une nouvelle pièce, composante aliénante de ce labyrinthe de la mort, renforce l’horreur et la fascination qui se mêlent dans nos regards et nos petits cœurs de veaux. On pourrait croire que One Hour a placé son escape game dans un abattoir déjà existant. Les décors de ces 70m2 sont irréprochables.
Est-ce vraiment un escape game ?
Notre fuite nous force à déambuler dans ces couloirs de la mort. Nous pensons fuir, mais force est de constater que le Boucher mène la danse funèbre. Chaque pièce est une facette de l’Abattoir, tous les types de pièces s’y trouvent : étrangement, on a envie d’être à l’intérieur d’aucune. Si vous n’avez pas trop peur, admirez le sol et le plafond ; les détails s’enchaînent, et ce sont eux qui plongent notre inconscient dans un certain inconfort. Ironiquement, ce lieu prend vie face à nous et se referme sur nous.
Finalement, j’étais bien sous ma couette ce matin. Ma couette ne me reverra plus je pense. Bref, il ne manque plus qu’un léger spray parfumé senteur « entrailles putréfiées » pour finaliser ce décor.
Un cervelet en entrée pour des énigmes juteuses
Mais nous ne sommes pas là pour prendre le thé avec le Boucher dans son salon, car c’est plutôt lui qui souhaite boire une infusion de nos artères. One Hour frappe fort ici, car les énigmes ressemblent bien à des tentatives désespérées de fuir. Elles sont concrètes, elles poussent à l’action. Nous n’avons pas la sensation de chercher une simple solution d’un puzzle, mais réellement de fuir, de gagner du temps pour vivre encore un peu.
On subit les énigmes, car elles sont véritablement invoquées par le maître du lieu. Intuitives, elles augmentent l’immersion. Si d’autres sont moins subtiles, elles sont tout aussi intéressantes à résoudre, car elles nous obligent à étudier avec une neutralité à faire froid dans le dos l’horreur même : devenons-nous un peu boucher à notre tour ?
Un foi n’est pas coutume, la peur est votre ennemi. Si vous gardez votre sang-froid (si vous gardez votre sang tout court), les énigmes vous paraîtront relativement aisées à résoudre. Sinon, adieu.
Rester bouche bée devant le boucher
On ne présente plus l’implication TOTALE des maîtres du jeu de One Hour. Nos vies étaient entre les mains du chef d’orchestre Joël. Les indices sont fournis avec originalité (vraiment) et beaucoup de réalisme. Des effets sonores, des rencontres et des rebondissements ne cesseront de vous plonger dans l’angoisse.
En fonction de votre groupe, de votre avancée, le maître du jeu adaptera votre histoire. Chaque expérience est donc unique et sensationnelle. Le game mastering est à l’image de Lost Asylum et Very Bad Night : le point fort de la salle.
Suite à l’horreur que nous avions vécu dans Lost Asylum, j’appréhendais vraiment cette salle (Virginie, quant à elle, a préféré rester à côté de Joël, en DEHORS de la salle, lâche). Hé bien, je n’ai pas eu peur. L’atmosphère est très pesante, le Boucher imprévisible et oppressant, mais je n’ai pas autant stressé qu’avec le clown. Connaissant One Hour, ils sont totalement capables de renforcer l’angoisse dans les mois à venir s’ils le jugent nécessaire. Évidemment, d’autres équipes plus sensibles seront, je pense, pétrifiées dans cette salle. A chacun sa sensibilité : et le boucher aime ça, les âmes fragiles et tendres.
L’escape game L’abattoir a été nominée aux Escape Game Awards 2019 dans la catégorie Meilleur décor d’Ile-de-France.