Après plus de 250 jeux d’évasion à mon actif, je les apprécie toujours autant. Il est très rare cependant que je tombe sur une expérience fondamentalement nouvelle. C’est pourquoi la mention de « salles mimétiques » chez Revo Escape m’a beaucoup intrigué.
Paraît que y a pas de sot escape
Les jeux d’évasion classiques sont toujours un peu artificiels. Même lorsqu’une énigme s’inscrit bien dans le thème, on se demande souvent : que fait-elle là ? Il faut suspendre notre incrédulité pour entrer dans la logique d’un univers d’un autre type, où les règles sont différentes. Certains jeux d’évasion suivent la voie de la facilité en expliquant que « quelqu’un a arrangé cette salle pour tester notre esprit logique ». Ce n’est cependant généralement guère satisfaisant.
Entrent alors en scène les jeux d’évasions mimétiques. Ils suivent une logique très différente, qui vise à donner du sens à l’ensemble de l’environnement. Chaque objet qui s’y trouve a une raison crédible d’être là. Notamment, de nombreux objets ne jouent aucun rôle dans les énigmes, comme on pourrait s’y attendre dans la vie réelle.
On me mettra dans un grand trou
Vous et vos amis campiez dans une forêt isolée lorsque votre talkie-walkie grésille : « Si quelqu’un m’entend, nous avons besoin de votre aide, répondez ! ». Vous prenez l’appel et parlez à une commandante. Elle a perdu le contact avec le personnel d’une installation militaire voisine ; pire encore, elle soupçonne qu’une intelligence artificielle expérimentale qui s’y trouve tente de lancer un missile nucléaire depuis là-bas. Après une brève discussion, vous décidez de l’aider, pas tant par héroïsme, mais surtout parce que la bombe nucléaire risque d’exploser à proximité !
Des bunkers, des bunkers, toujours des bunkers
Vous pourriez penser : encore un bunker… Cependant, je peux vous assurer que vous n’aurez jamais fait l’expérience d’un bunker aussi réaliste dans un jeu d’évasion. Tous les mécanismes sont parfaitement logiques et s’inscrivent de manière cohérente dans cet environnement.
Une immersion de première classe, des corps de seconde classe
Le scénario était étonnamment riche, avec quatre fins possibles, en fonction de vos réussites ou de vos échecs, et des choix que vous ferez. Le système d’indices s’intègre également très bien dans le scénario : vous serez en communication permanente par talkie-walkie avec la commandante, qui vous guidera.
Les seuls éléments moins convaincants dans l’immersion étaient les mannequins de « cadavres », assez peu réalistes. Mais bon, je suppose que ce n’est pas une mauvaise chose qu’ils n’aient pas utilisé de vrais cadavres !
J’en ai marre, j’en ai ma claque de ces fausses pistes
Comme expliqué précédemment, de nombreux éléments ne sont d’aucune utilité pour les énigmes. Cela devrait immédiatement amener une question à l’esprit de tout passionné : le jeu n’est-il pas truffé de fausses pistes ? Eh bien, les designers sont sans doute des magiciens du jeu d’évasion, car à aucun moment du jeu nous n’avons été coincés en essayant d’exploiter un élément que nous n’étions pas censés utiliser. Très certainement, de nombreux bêta-tests ont permis que l’expérience soit aussi bien rodée.
Un jour viendra où je pourrai m’évader d’une salle
Toutes les énigmes étaient parfaitement cohérentes et faisaient appel à une logique bien différente de celle des escape games classiques. Certaines personnes qui sont habituellement peu à l’aise dans les jeux d’évasion classiques pourraient très bien s’en sortir dans une telle salle. Inversement, une personne habituée aux jeux d’évasion classiques pourrait être légèrement désorientée ici. Notez qu’à cause de certaines énigmes, il serait bon d’avoir dans votre équipe une personne au moins qui ait une expérience de base en programmation.
Plusieurs énigmes nécessitent une certaine forme de coordination physique. Il existe au moins une énigme que l’on peut résoudre de plusieurs façons, selon les caractéristiques physiques des membres de votre équipe. Vous devrez faire preuve de créativité !
J’suis l’fossoyeur des escapes
Comme dans beaucoup d’escape rooms à Toronto, l’accueil fut un peu anonyme, mais pas autant que dans des « usines à jeux d’évasion » comme Omescape. Après notre aventure, cependant, nous avons eu la chance d’avoir un débriefing approfondi par le propriétaire, qui nous a expliqué comment il en est venu à créer cette salle. Lorsqu’il a entendu parler des escape games pour la première fois, il a spontanément imaginé qu’elles suivraient cette logique « mimétique ». Après en avoir joué quelques-uns, il a été déçu par leur construction quelque peu artificielle. Il a donc arrêté d’y jouer pour créer les siennes !
Il n’y a pas eu le moindre pépin pendant notre aventure. C’est remarquable, vu la sophistication des mécanismes impliqués ! Notez qu’il y a beaucoup de dialogues, et qu’ils ne sont pas si faciles à comprendre si, comme moi, votre langue maternelle n’est pas l’anglais. Essayez d’avoir au moins une personne parfaitement anglophone dans votre équipe.
Enfin, il y a un score qui mesure votre progression, en fonction du temps que vous avez mis pour chaque puzzle. Dans l’ensemble, il s’agit d’une salle fantastique que tout le monde devrait jouer : les nouveaux venus, les passionnés et même les personnes qui n’aiment pas les escape games ordinaires !